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La France reste un cancre du commerce extérieurhorticole

©P.Fayolle

Les champions du monde des exportations de végétaux d’ornement sont, sans surprise, les Pays-Bas. Pour les importations, l’Allemagne l’emporte. La France conserve un important déficit de sa balance commerciale dans notre secteur.

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FranceAgriMer a révélé en avril le bilan 2018 du commerce extérieur des produits de l’horticulture ornementale. 15e exportateur mondial et 5e importateur, la France présente toujours un déficit de son commerce extérieur, qui tourne autour de 900 millions d’euros. En Europe, seuls l’Allemagne (plus de 1,6 milliard) et le Royaume-Uni (un milliard) font moins bien, quand la balance des Pays-Bas est positive de plus de 6 milliards d’euros, l’Italie, le Danemark, la Belgique ou l’Espagne présentant des balances très légèrement positives.

Exportations : la dégringolade

Si en 2011, la France occupait la dixième place au rang des exportateurs mondiaux de produits horticoles, elle est aujourd’hui tombée à la quinzième place, ayant exporté en 2018 pour une valeur de 68 millions d’euros. À ce jeu, les Pays-Bas mènent évidemment la danse, exportant pour 8,3 milliards d’euros, suivis par l’Allemagne (792 millions), l’Équateur (700 millions), l’Italie (640 millions) et la Belgique (488 millions). Le rapport de FranceAgriMer note toutefois que les exportations françaises ont progressé de 14 % entre 2017 et 2018, alors que l’Équateur et les États-Unis ont vu leurs exports chuter de 10 %, le Danemark de 4 %. C’est un rythme bien faible pour rattraper les champions de l’export, d’autant que dans le même temps, les exportations des Pays-Bas (+ 3 %), de l’Allemagne (+ 2 %), de l’Italie (+ 7 %), mais surtout de la Belgique (+ 15 %), de l’Espagne (+ 21 %) ou de la Pologne (+25 %), voire du Portugal (+ 16 %), ont également augmenté.

Si l’on entre dans le détail des catégories de végétaux, on note pour les bulbes une baisse de 4 % des exportations des Pays-Bas, alors que celles de la Pologne augmentent de 44 % et celles de l’Italie de 24 % (La France chute de 17 %). En végétaux d’extérieur, la France augmente ses ventes hors de ses frontières de 22 %, comme les Pays-Bas (+ 9 %) et l’Espagne (+ 16 %). Les Pays-Bas, la Belgique et l’Italie ont augmenté leurs exportations de fleurs fraîches de manière significatives.

La France, 5e importateur mondial

Les deux premiers importateurs mondiaux sont aussi de gros exportateurs : l’Allemagne se classe première (2,4 milliards importés en 2018 en valeur) devant les Pays-Bas (2 milliards d’importations). Suivent les États-Unis (1,25 milliard), le Royaume-Uni (1 milliard) et la France (947 millions d’euros d’imports). En tendance, les importations allemandes ont ralenti (- 1,6 %), celles des États-Unis sont stables, celles du Royaume-Uni (+ 2 %), de la France (+ 1,9 %) ou des Pays-Bas (+ 0,8 %) en hausse. Dans les 5 principaux pays importateurs, les achats de végétaux d’extérieur sont en hausse et les fleurs coupées, plutôt à la baisse (- 9 % aux Pays-Bas).

Déficit commercial : le podium !

La suite de l’étude de FranceAgriMer se situe au sein de l’Union européenne. L’essentiel des échanges se fait à ce niveau, sauf pour les Pays-Bas qui importent pour 57 % hors CE et pour l’Espagne (39 %). Les Pays-Bas importent beaucoup d’Afrique, en particulier du Kenya (18 %) et d’Éthiopie (5 %), et d’Amérique du Sud dont l’Équateur (7 %) et la Colombie (4 %). Plus inattendu, l’Espagne s’approvisionne auprès de l’Équateur (20 % de ses imports) et de la Colombie (15 %).

Au final, 5 pays d’Europe ont une balance commerciale horticole positive, les Pays-Bas, évidemment (6,35 milliards d’euros), mais aussi l’Italie, le Danemark, la Belgique et l’Espagne, mais pour des montants faibles, entre 200 et 9 millions d’euros ! L’Allemagne a le déficit le plus important, devant le Royaume-Uni et la France, puis l’Autriche et la Pologne. FranceAgriMer note que les échanges entre pays de l’UE se sont accrus en 2018, les importations augmentant de 3 % par rapport à 2017 et de 10 % par rapport à la moyenne 2013/2017. Dans le même temps, les exportations pour les mêmes pays ont crû de 4 % et 19 %. Entre 2017 et 2018, les Pays-Bas, l’Allemagne, la Belgique, l’Espagne et l’Italie ont amélioré leur balance commerciale. La France (- 9 millions d’euros) a vu le sien se détériorer. Comme la Pologne pour le même montant, mais moins que le Danemark ou le Royaume-Uni, qui ont vu leur déficit se creuser de 19 millions d’euros chacun. Par rapport à la période 2013/2017, les imports de la France ont crû de 6 % en 2018, ses exports de 3 %.

La hausse des exports ne compense pas celle des imports

Faut-il y voir la conséquence d’un printemps favorable à l’activité horticole ? On peut l’imaginer : le déficit de la balance commerciale de la France pour les produits horticoles a battu un record en 2018, à 878 millions d’euros, une hausse de 1 % sur l’année précédente. Notre taux de couverture, valeur des exportations sur valeur des importations, est de 7,2 %, la France important, en valeur, 14 fois plus qu’elle n’exporte. La plus grosse part de nos importations, 31 %, concerne les fleurs coupées fraîches. Suivent avec 28 %, les plantes d’intérieur, puis les plantes d’extérieur (26 %). Les bulbes (11 %) et les feuillages frais complètent ces imports. Cette dernière catégorie est en forte hausse, + 13 %, en 2018. Les autres catégories ont enregistré des hausses tournant autour de 2 % en valeur, soit finalement, plus ou moins le taux de l’inflation. Les imports de fleurs coupées n’ont quasiment pas progressé sur 2017 (et baissent sur la moyenne 2013/2017) et l’ensemble de nos imports a crû de 1,8 %. À noter qu’au niveau des bulbes, les imports baissent en repos végétatif et montent pour les bulbes en végétation ou en fleurs.

En valeur relative, les exportations augmentent beaucoup plus, de 14 %, mais c’est bien moins en valeur que 1,8 % de nos importations ! Les feuillages coupés frais ont progressé de près de 50 %, les végétaux d’extérieur de 22 %, les plantes d’intérieur de 10 %. Sur les 5 dernières années, tous les secteurs ont vu le déficit de leur balance commerciale progresser, sauf les fleurs coupées…

Pascal Fayolle

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